mardi 10 janvier 2012

Plus ou moins

« Maintenant, je suis ‘plus ou moins pour’ le mariage homosexuel ». Cette phrase fait donc actuellement le buzz. Elle a été prononcée par Laura Beyne qui deviendra quelques instants plus tard Miss Belgique. Pour la tester tant sur ses jugements que sur sa manière de les exprimer, on lui avait demandé son opinion sur les mariages homosexuels. Sa réponse a sans doute globalement été exprimée maladroitement. Que je sache pourtant, on n’attend pas d’une Miss Belgique d’être une championne de la défense des idées. Cette réponse est néanmoins pleine de pertinence.

Elle l’est d’autant plus au moment où des « faiseurs d’opinion » comme Benoît XIV et Mgr Léonard ont répété leur condamnation sans équivoque du mariage entre homosexuels, en accompagnant celle-ci de grandes déclarations nauséabondes. Selon ces messieurs, ce mariage menacerait l’humanité tout entière et les majorités parlementaires qui l’ont adopté usurperaient leur pouvoir ! Ces prises de position sont cohérentes avec le cadre moral dans lequel évolue l’Église. C’est certainement en cohérence interne par rapport à la morale catholique, mais sans doute en incohérence externe par rapport au monde dans lequel nous vivons.

Revenons à Miss Belgique ! Certains bien pensants lui reprochent de ne pas s’être prononcée résolument pour le mariage homosexuel. Constatons d’abord que ce n’est pas le cas de tout le monde. Par exemple, Jean-Pierre Frisee, de l’asbl « Alliage » qui lutte contre l’homophobie à Liège, pense que cette déclaration est seulement anecdotique. De toute évidence, c’est ce qu’elle est. La belle Laura n’a pas cherché à entamer un grand débat moral. Heureusement !

Elle a simplement dit qu’elle était « plus ou moins pour » ! Comme elle a raison. Je ne dis pas cela par rapport au mariage homosexuel. Pour moi, la question n’est pas là, car celui-ci est avant tout aujourd’hui une réalité qui permet à de nombreuses personnes de trouver leur place dans la société, comme ils le désirent.

Mais je crois qu’on gagne souvent à être « plus ou moins pour » plutôt que de se prononcer unilatéralement dans un sens ou dans un autre. La réalité est toujours complexe. Elle est toujours en couleurs. Le noir et le blanc n’y ont pas beaucoup de place. Pour toutes les questions fondamentales, on peut bien sûr avoir une vision très claire, mais on peut aussi avoir des doutes, exprimer des nuances, se poser des questions. Le doute n’est-il pas la marque la plus profonde de l’humanité ? Exprimer des nuances n’est-il pas la meilleure preuve d’une belle intelligence ? Se poser des questions n’est-il pas un passage obligé vers la vie ?

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