vendredi 8 février 2013

Mais où allons-nous ?

Une maman retrouve-t-elle son fils devenu policier après une longue séparation ? Une vieille dame a-t-elle été attaquée par des voyous et vient-elle chercher de l’aide auprès du policier ? À moins qu’elle n’ait failli tomber et que le policier la rattrape ? Ou encore, c’est peut-être une dame souffrant malheureusement de démence et qui profère de joyeuses absurdités sans s’en rendre compte…

Plus vraisemblablement sans doute – et même sûrement – s’agit-il d’un abus d’autorité de la part d’un policier espagnol un peu énervé (comme d'autres policiers espagnols ?).

C’est vrai que cette photo en soi ne veut rien dire, car on ignore ce qui se passe exactement. Il est possible d’émettre plusieurs hypothèses sans nécessairement en avoir une seule qui soit la bonne. La force d’une image en est toujours aussi sa faiblesse, tant qu’on ne met pas par des mots ce qu’elle représente vraiment.

En l’occurrence, la réalité est triste et simple : la photo a été prise le 7 février, devant le siège de la Bankia – cette sordide banque créée par l'État espagnol pour sauver le secteur financier de la banqueroute – lors d’une action contre les expulsions de centaines de petits locataires qui n’ont plus les moyens pour payer leur loyer. La vieille dame, Angustia de son prénom, est passée de l'autre côté des barrières. Un premier policier l'a saisie par le bras : elle lui a demandé de la lâcher, ce qu'il a fait. C'est alors que le solide policier de la photo est intervenu et a projeté au sol cette Angustia rebelle. 
Emmenée aux urgences, elle en est ensuite ressortie et est retournée sur les lieux de la manifestations où elle été ovationnée à juste titre. Elle n’a rien perdu de sa verve ni de sa dignité, comme le montre cette vidéo.

Il faut bien reconnaître qu’un peu partout dans le monde la violence policière devient une habitude et qu’elle est banalisée dans de nombreux cas. Ce n’est pas une marque de progrès. La violence ne mène nulle part. D’où qu’elle vienne, elle débouche toujours sur une impasse. Mais elle est d’autant plus inacceptable lorsqu’elle est le fait des « forces de l’ordre ». Quand elle s’attaque à une vieille dame, fusse-t-elle rebelle, la violence devient vraiment stupide. Et ce nulle part où elle mène devient alors le déshonneur de l’humanité. Est-ce là que nous allons ?
 

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