Ce qui se passe en Ukraine m’interpelle, me réjouit tout en m’attristant, me fait peur aussi. L’Ukraine et la Russie sont deux grands pays qui s’intéressent à de bonnes thématiques. D’ailleurs, un de mes livres a été traduit dans chacune des deux langues : à gauche, la couverture ukrainienne, à droite, la russe ! S’il n’y a que peu de différences dans l’écriture de mon nom (la première ligne), on voit que ce sont néanmoins des langues différentes. Et donc des cultures différentes.
La question culturelle est sans doute au cœur de la problématique interne à l’Ukraine. Les russophones, notamment ceux de Crimée, ont peur de devenir une minorité brimée, interdite notamment de parler sa langue. Selon les informations disponibles, cette peur semble à la fois justifiée ou non justifiée. Mais on peut la comprendre, de toute façon. Moi qui suis francophone de Flandre, j’ai toujours quelque part en moi une peur que la situation belge s’envenime. Nul ne sait de quoi l’avenir sera fait, ni en Belgique, ni en Ukraine. Mais l’histoire nous montre que de nombreuses minorités linguistiques ont rencontré des difficultés dans leur quotidien.
Pourtant, ici comme en Ukraine et comme en de nombreux endroits, ces différences linguistiques et donc culturelles n’empêchent pas le sentiment d’appartenance à une même communauté, locale ou nationale, même si cette communauté est la résultante de compromis historiques artificiels. Finalement, le fait de « vivre ensemble » les mêmes réalités, les mêmes difficultés, les mêmes rêves crée plus de proximité que de divergence. Mais le risque est grand que, l’être humain étant ce qu’il est, la divergence écrase et réduise à néant la proximité.
La situation actuelle en Ukraine est bien sûr bien plus complexe. Les enjeux sont géopolitiques et économiques. Il est possible, pour ne pas dire certain, que les volontés populaires n’ont que peu d’influence, dans un sens ou dans un autre, même si on peut croire le contraire à certains moments.
Au-delà de ces enjeux qui rythment les fonctionnements sociétaux et les conduisent dans des directions qu’il est souvent difficile de comprendre, il se pose quand même toujours la même question : quelle est cette force qui fait que des gens, forcément différents, ont l’envie de vivre ensemble, de se reconnaître dans une communauté, de surmonter les différences pour être simplement solidaires ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Mais, malgré tout ce qu’on peut dire ou penser, je suis convaincu que cette force est présente et renaît toujours, quand bien même il y a des guerres qui opposent, des religions qui séparent, des langues qui divisent, des intérêts qui déchirent…
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