Ce 29 août 2015, le brugeois Philip Milanov a gagné la médaille d’argent au lancer du disque, aux Championnats du monde d’athlétisme à Pékin. Jamais un belge n’a réalisé une telle performance. Nous avons déjà eu plusieurs médailles, mais elles n’étaient que de bronze. L’argent, c’est un exploit extraordinaire.
Au journal télévisé de la RTBF, on en a parlé, en fin de journal, pendant une quinzaine de secondes. Pourtant, si cette médaille d’argent avait été obtenue par un des frères Borlée, je suis sûr que cela aurait fait la Une du journal et qu’on en aurait parlé pendant au moins cinq bonnes minutes.
Alors, bien sûr, le lancer du disque est moins populaire et moins spectaculaire que le 400 mètres. Mais est-ce vraiment cela la différence de traitement entre deux informations ? Ce n’est pas lié aux athlètes : ils donnent chacun le meilleur qu’ils peuvent dans ces Championnats du monde. Les frères Borlée sont les plus médiatisés de tous ces athlètes belges, et ils le méritent bien. D’ailleurs, ce sont des cousins !
Ce qui fait la différence de traitement est malheureusement vraisemblablement à chercher ailleurs. Milanov a un nom qui finit par « ov » ! S’il est né, en 1991, à Bruges et s’il est donc « entièrement » belge, son père bulgare n’est arrivé en Belgique qu’en 1989. C’est donc un de ces immigrés dont la populace belge dit actuellement tant de mal, parce qu’ils viendraient voler notre pain et notre travail, sans oublier de violer nos filles et nos femmes.
Qu’on me comprenne bien : je ne tiens pas du tout à attiser moi-même ce racisme primaire qui fait tant de ravages actuellement. Bien au contraire : Milanov a – pour moi – réalisé un véritable exploit ce WE et il devrait logiquement recevoir tous les hommages médiatiques qu’une telle prestation mérite. Il en va d’ailleurs de même de Toma Nikiforov qui, alors même qu’il s’est blessé en début de combat, a décroché la médaille de bronze en catégorie des moins de 100 kg aux Championnats du monde de judo. Le JT en a parlé, rapidement. Lui aussi a un nom qui finit pas « ov ».
En publiant ce billet, je ne veux en rien faire le procès des journalistes, même si je suis convaincu qu’ils auraient pu traiter ces deux informations d’une toute autre manière. Ce ne sont que des informations sportives. Elles ne sont rien par rapport à celle qui parle de la mort de 70 migrants dans un camion, entre la Hongrie et l’Autriche. Mais la place qu’on veut bien donner à ces informations sportives ne reflète-t-elle pas la même logique que ces commentaires déchaînés de ceux qui osent dire « Bien fait pour eux ! » ?
Mais où allons-nous ?
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