vendredi 28 août 2015

Une oreille attentive

 
FMG©2015

Depuis un peu plus d’un an, je porte des prothèses auditives. Je le dis sans honte ni gène. Cela fait environ 50 ans que je porte des prothèses visuelles – des lunettes, en d’autres mots – et cela n’a jamais dérangé personne, pas même moi. Avec l’âge, j’entendais de moins en moins et – ayant vu quel handicap cela pouvait représenter pour mes parents – je n’ai pas trop hésité à me lancer dans cette nouvelle aventure.

Les prothèses d’aujourd’hui, ou appareils auditifs, ont bien changé : leurs performances sont certainement meilleures que celles que mes parents utilisaient et – surtout – leur discrétion est devenue une réalité. Il est fort vraisemblable que des personnes qui me voient tous les jours n’ont jamais réalisé que j’étais désormais appareillé, tout simplement parce que je ne leur en ai pas parlé.

C’est si petit et si discret que moi-même, parfois, je n’y pense plus. Motard, je sais que je dois veiller – lorsque j’enlève mon casque – à ce qu’elles ne s’enlèvent pas en même temps.

Avant-hier, lorsque je suis rentré à la maison, j’ai constaté avec effroi que mon « oreille » droite avait disparu ! Retraçant mon chemin, je me suis dit que lorsqu’en visitant rapidement un terrain à bâtir, alors qu’il faisait chaud, j’ai décidé à un moment d’enlever mon casque pour entendre le bruit des voitures passant sur la route. À ce moment, il faisait chaud, je n’étais pas à côté de ma moto, je pensais à autre chose… bref, il était plus que vraisemblable que mon appareil soit tombé à ce moment sans que je ne m’en aperçoive. Retrouver cet appareil sur ce terrain en friche que je ne connaissais pas vraiment revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin.

À vrai dire, je dispose d’une assurance « perte et vol ». Mais celle-ci ne couvre évidemment pas toute perte ni tout vol. Notamment, la part assumée par la compagnie dépend de l’âge de l’appareil. Je vous passe les détails, mais – après avoir téléphoné à mon fournisseur – je m’apprêtais à payer une jolie somme…

Encore fallait-il que je fasse une déclaration à la police. Je me préparais à m’y rendre quand je me suis rappelé que si j’avais visité ce terrain, c’était parce que préalablement je m’étais rendu chez une amie pour avancer dans un travail commun. Et si j’avais perdu, toujours sans m’en rendre compte, ce foutu appareil en arrivant chez cette amie ? Un peu comme on jette une bouteille à la mer, je lui ai envoyé un courriel, certain qu’elle ne trouverait rien ! Quelques minutes plus tard, elle me répondait en me disant que je pouvais à nouveau dormir sur mes deux oreilles… !

L’ennui, c’est qu’entre-temps, la pluie n’avait pas arrêté de tomber. Ces appareils délicats n’aiment pas trop l’humidité ! Je les « sèche » d’ailleurs tous les soirs. Après m’être à nouveau rendu chez mon amie pour récupérer la précieuse « oreille », je l’ai essayée : silence complet ! Mais après tout, pourquoi ne pas croire à l’impossible : j’ai soumis cet appareil récalcitrant à plusieurs cycles de séchage. Puis, je l’ai nettoyé, et hop, en le réenclenchant ce matin, j’ai entendu la délicate musique annonçant sa mise en fonctionnement. Et ça fonctionne !

Il y a, de toute évidence, plusieurs leçons à retenir de cette histoire. D’abord, la plus importante est que, même quand on n’y croit plus, il faut continuer à y croire. Vous mettrez ce que vous voulez derrière le « y » ! Mais il faut y croire. Y croire ne suffit cependant pas. Encore faut-il faire ce qu’il faut faire pour transformer cette croyance en réalité concrète. Même si la réalité est là, si on ne fait rien pour qu’elle se concrétise, elle n’existera pas vraiment. Il est toujours temps pour le faire. Et même si les premiers résultats obtenus ne répondent pas à toutes les attentes, il ne faut pas désespérer. Il faut surtout garder confiance et faire ce qu’il faut faire. Au bout du compte, on obtient – parfois, pas toujours – ce qu’on voulait. Même si c’est une toute petite chose, le fait d’y avoir cru et d’être aller au bout de son rêve apporte alors une joie indicible !

Tout ça n’a l’air de rien, mais on gagne toujours à prêter, que ce soit aux autres ou à soi-même, une oreille attentive !

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