Depuis le 6 janvier 2016, on connaît un
nouveau nombre premier, le plus grand connu à ce jour ! Il s’agit de 274
207 281– 1 et contient plus de 22 millions de chiffres, soit 5 millions de plus que l'ancien record
du nombre premier de Mersenne le plus long, découvert en janvier 2013. Et
d’aucuns de dire « OK, c’est bien beau. Mais à quoi ça sert ? ».
Une réponse possible à cette question est que
cela permet de développer de nouvelles techniques de cryptographie, et c’est un
fait certain. Si ce n’est qu’il existe quand même une minorité de personnes qui
ont vraiment besoin de crypter leurs messages, surtout avec des algorithmes
aussi complexes que ceux liés aux grands nombres premiers.
Personnellement, je préfère répondre :
« Effectivement, cela ne sert à rien… et c’est ce qui fait tout
l’intérêt de ces recherches ! ». Quoi de plus merveilleux que de
chercher des merveilles qui ne servent à rien ?
L’ancienneté des recherches en matière de
nombres premiers est d’ailleurs un bel exemple du fait que l’homme est
fondamentalement intéressé par ces choses totalement inutiles, mais
merveilleuses de par leur mystère.
Pour la compréhension de ce qui suit,
rappelons qu’un nombre premier est un entier naturel qui admet exactement deux
diviseurs distincts entiers et positifs (qui sont alors 1 et lui-même). Le plus
petit nombre premier est 2 : il a comme diviseur 1 et 2. Viennent ensuite
3, 5, 7… Puis 11, 13, 17, 19. Il semble que des entailles retrouvées sur l'os
d'Ishango daté de plus de 20 000 ans avant notre ère, soit bien avant
l'apparition de l'écriture (antérieur à 3 200 ans ACN), semblent isoler quatre
groupes de valeurs : 11, 13, 17 et 19. Soit ces premiers nombres premiers
composés de deux chiffres (du moins en base 10). Ajoutons que depuis Euclide,
on sait que la liste des nombres premiers est infinie… D’où le
« jeu » de trouver chaque fois un nombre premier plus grand que le
précédent, connu aujourd’hui sous l’appellation « nombre premier de
Mersenne » et qui n’est identifiable que par le travail titanesque
d’ordinateurs de plus en plus puissants.
Cela ne sert (quasi) strictement à rien, si ce
n’est à savoir et à vérifier des hypothèses mathématiques vieilles comme le
monde. Personnellement, c’est le genre de découvertes qui me fait vibrer, qui
me montre qu’il y a dans la vie un côté complètement gratuit et infiniment
complexe ! Finalement, « l’utilité » de ces travaux est
exclusivement ontologique : ils nous montrent que l’improbable
« est », dans toute sa singularité indissociable de la réalité plurielle.
Le plus grand nombre premier aujourd’hui connu
est composé de plus de 22 millions de chiffres. Ce n’est encore rien par
rapport aux 7 359 085 099 personnes qui peuplent la Terre ce samedi 23 janvier
2016 à 12 h 09 min et 32 s. Il est enivrant de se dire qu’il y a un nombre
premier composé d’au moins 7 359 085 099 chiffres. De quoi permettre à chacun
d’être unique : divisible uniquement par 1 et par lui-même ! Quelle
merveille !
PS : pour ceux qui souhaiteraient connaître
la solution de l’énigme présentée en illustration, il s’agit du nombre 3 997 993.
En effet, 3 998 993 +
2 011 = 4 001 004 (soit un nombre palindrome, qui peut se lire indifféremment dans
les deux sens). La somme : 3+9+9+7+9+9+3 = 49 est un carré parfait. C’est la
seule solution. Qui ne sert strictement à rien !
Ouf, me voilà rassurée. J'avais peur qu'une fois la pension, tu te sois reconverti en chroniqueur culinaire. Christiane B.
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