Plusieurs événements ces derniers temps ont remis en lumière la question de l’euthanasie. Ou de la mort dans la dignité. Quand de dignité, il n’y en a plus beaucoup.
Il ne m’appartient pas d’émettre le moindre jugement péremptoire sur les décisions individuelles. Si la question en soi concerne toute l’humanité, en tant que société devant protéger la vie de chacun, la réponse concrète qu’on peut apporter à une situation spécifique ne peut qu’être individuelle. Que certaines sociétés, comme la Belgique, aient choisi de légiférer pour organiser un cadre dans lequel l’acte de départ volontaire assisté devient possible, c’est sans doute une évolution inéluctable qui prend en compte le cheminement individuel d’êtres en souffrance.
À vrai dire, je ne sais pas quelle réponse j’apporterais. Je supporte difficilement la douleur. Mais je ne suis pas convaincu que ma vie m’appartient. Ce n’est pas moi qui me la suis donnée. Je ne l’ai pas prise. Elle m’a été offerte. C’est un cadeau extraordinaire. Est-ce à moi de le refuser quand le jouet sera usé ? Je n’en sais rien.
À 24 ans, mon frère Étienne s’est retrouvé quadraplégique à cause d’un conducteur inconscient. Étienne a dès lors passé plus de la moitié de sa vie assis dans une chaise, sans grande autonomie. Pas même celle de partir. Un jour, il m’a dit « Et dire que je ne peux même pas me suicider… ». Le voulait-il ? Sans doute, à certains moments. Je suppose qu’à d’autres moments, il appréciait la vie… Sa vie, même si elle était réduite.
Finalement, je rejoins en partie le sens des propos de Mgr Godfried Danneels, primat de Belgique : la médiatisation d’une euthanasie n’est sans doute pas utile. Je ne vois pas trop l’intérêt de mettre en avant le choix d’une personne de partir au moment où et de la manière dont elle l’a choisi. Je crois au droit d’une personne de faire ce choix. Et je crois qu’il est bien que la société organise un cadre qui permette de le faire dans la dignité. Je ne suis pas convaincu pour autant qu’il faille mettre en avant un départ, de qui que ce soit, au risque de présenter ce départ volontaire comme le véritable courage. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas une question de courage. Juste un choix entre deux directions de toute façon insupportables. À vivre dans l’intimité.
Tu abordes beaucoup de choses dans ce message, et l'impudeur des médias qui se glissent jusque dans les cercueils et alcôves est réelle, choquante et inutile, à titre individuel. Elle permet cependant de faire réagir l'opinion publique, et peut-être évoluer la législation. Je parle vu de la France, évidemment.
RépondreSupprimerPour le reste, assez d'accord avec toi je ne sais pas ce que je choisirais... mais je voudrais pouvoir avoir le choix.