L’innommable est arrivé. Il n’y a pas de mots devant un tel drame, une telle ignominie. On peut juste se taire et s’associer à la douleur de ceux qui ont été touchés au plus profond d’eux-mêmes.
On cherche à comprendre, évidemment. Comment expliquer qu’un banal jeune de 20 ans se transforme en tueur d’enfants et d’adulte ? Il n’y a sans doute pas d’explication. Et même s’il y en avait une, elle n’expliquerait que bien imparfaitement. Sans changer quoi que ce soit au drame.
Dans le flot des réactions, il y en a plusieurs qui m’énervent. Trois en particulier.
Ce serait la faute de la société ! Je ne crois pas que la société a beaucoup à voir là-dedans. C’est un acte individuel, commis dans la folie d’un individu. Bien sûr, certains éléments donnent un contexte social à ce crime. Et bien sûr, un individu n’est jamais tout à fait seul. Mais je ne crois pas que ce soit la société qui soit responsable de cet acte. Ce jeune a agi seul, enfermé dans son univers. La société n’a bien sûr pas réussi à l’en sortir. Mais l’homme est libre. La société ne peut pas tout contrôler.
Il faudrait renforcer la sécurité des crèches ! Cette idée vient de ceux qui pensent que la société peut et doit tout contrôler. Elle s’inscrit dans une logique sécuritaire et normative. Mais surtout, elle ne servirait strictement à rien en plus d’être impossible. Bien sûr, il faut veiller à ce qu’un inconnu n’entre pas dans un milieu d’accueil d’enfants. Comme dans beaucoup d’autres endroits. Mais mettre un cerbère devant chaque crèche ne ferait sans doute qu’attiser les hantises folles des désaxés. Je suis convaincu qu’il serait bien préférable de renforcer le personnel éducatif. Au moins, cela servirait à quelque chose.
Il faudrait réhabiliter la peine de mort ! Toujours cette même logique sécuritaire qui ne mène nulle part. Il est clair que ce jeune n’avait pas le droit de tuer. En quoi la société aurait-elle à son tour le droit de le tuer ? Pour le punir ? Et après ? Nous devons bien sûr empêcher – vraiment – cet individu de recommencer une telle abomination. Mais en quoi cela nous autoriserait-il à pratiquer ce que nous lui reprochons ? On sait que la peine de mort n’a aucun effet dissuasif. On sait même que ce type de tueur de masse ne rêve que d’une chose : mourir après avoir accompli leur forfait… La peine de mort ne sert à rien. On se sent évidemment horrifié devant l’innommable, mais avant de revendiquer n’importe quoi, il vaudrait mieux réfléchir aux conséquences que cela aurait. Les pays où la peine de mort existe encore sont-ils vraiment meilleurs que les autres ?
Il ne faut pas se faire d’illusions : les mêmes discours ressortent toujours dans ces occasions. Finalement, il n’y a qu’une question qui est peu abordée, mais qui pourtant est la question centrale : qu’ai-je fait, moi, pour éviter cela ? Bien sûr, dans le cas présent, je n’aurais rien pu faire. Vous non plus sans doute. Mais qu’ai-je fait pour que mon entourage soit un peu meilleur ? À chacun de répondre.
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