Une grande dame s’en est allée. La dernière fois que je l’ai vue – il n’y a pas longtemps –, elle était toute petite, ravagée par la maladie. Derrière cette fragilité, il restait sa luminosité. C’est celle-ci que je garderai toujours en mémoire.
Ce n’est pas quelqu’un que j’ai très bien connu. Pour moi, c’était surtout, durant mon adolescence, la Maman d’ami(s) précieux. Je me suis retrouvé chez eux plus souvent qu’à mon tour. Elle m’a toujours accueilli, en toute simplicité. Confusément, je sentais bien que cette femme était différente des autres.
Ce n’est que bien plus tard que j’appris des éléments de son histoire : « L’exil des enfants de la guerre d’Espagne (1936-1939) ». Si elle était en Belgique, c’est parce que, enfant, elle avait dû fuir l’Espagne, sa guerre civile et sa folie. Ayant tout perdu, elle a eu tout à reconstruire. En restant fidèle à l’idéal de sa famille, de son peuple, de sa vie. Elle, apparemment si menue, se dévoua pour garder la mémoire de ces jours, pour réunir ceux qui les avaient fuis, pour donner sens à la vie qui s’était reconstruite.
Emilia laisse aujourd'hui derrière elle un homme, son mari qui en a été bleu toute sa vie. Il y avait de quoi. Elle laisse aussi trois enfants… bien grands maintenant. Ils sont tous les trois différents, mais ils ont en commun une fierté d’être et de vivre qui illumine ceux qui les approchent. Par eux, elle continue pleinement à vivre sa force de la conviction. Toujours aussi grande !
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