En vacances chez nos amis français, nous avons passé d’excellents moments à jouer une adaptation libre du « Mot de passe ». En trois mots, il faut faire découvrir à son comparse un autre mot choisi par la paire adverse !
Ce soir-là, l’équipe des filles devait (faire) découvrir le mot « colonie ». Assez simple, non ? Mais quel ne fût pas notre étonnement d’entendre notre amie française proposer en premier mot-indice « pairée » ! Mais que voulait-elle bien dire ? Heureusement, elle proposa deux autres mots qui permirent à Brigitte de prononcer le mot magique « colonie », ce qui n’avait rien de prodigieux, il faut bien l’avouer.
On discuta donc, pour essayer de comprendre, ce « pairée » mystérieux. Il ne fallut pas longtemps pour éclairer notre lanterne. Nath avait simplement dit « Perret ». Pierre Perret !
Nous n’en revenions pas, nous les petits Belges ! Il faut savoir – je m’inspire de l’excellent livre Dictionnaire des belgicismes, de Michel Francard et al., paru en 2010 chez De Boeck-Duculot - que « le français de Belgique présente un certain nombre de traits généraux de prononciation qui le caractérisent en propre ». Parmi les plus répandus, on peut retenir « le maintien de l’opposition /ε/ - /e/ en finale absolue, ce qui permet (notamment) de distinguer la première personne du singulier du futur simple (je mettrai [-e]) de la première personne du singulier du conditionnel présent (je mettrais [-ε]). »
C’est quand même dingue de se dire que des peuples qui parlent la même langue, dont certains souhaiteraient annexer – rien que ça – les autres, alors même qu’ils craignent d’être envahis par ailleurs, ne parviennent même pas à prononcer les mots de la même manière ! Notez que ce sont d’ailleurs les Belges qui « maintiennent » l’opposition entre les deux sons, alors même que les Français (enfin, certains d’entre eux du moins) ont perdu cette différenciation phonologique fondamentale sur le plan sémantique !
Arrivé au terme de ce billet, vous vous demandez peut-être quel est le sens de la photo qui l’illustre. Ce n’est pourtant pas difficile : « la chondrite carbonée NWA 2224 possède des chondres polychromes très jolis. Elle pourrait être pairée avec la NWA 3118 », comme le signale judicieusement l’excellent site de l’Association des géologues amateurs de Belgique ! Ce sont donc des pierres pairées !
Excellent !!
RépondreSupprimerEt dire que si Franck avait dû faire deviner ce mot, il serait parti avec "essaim". On n'aurait pas eu droit à tout ce débat sur les différentes intonations ("tant qu'yen a ...!")
Nath