lundi 9 avril 2012

Imaginez le cortège de la STIB…

Ce qui s’est passé samedi est effroyable : un superviseur de la STIB (Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles) venu constater – comme la procédure le veut – un banal accrochage entre un bus et une voiture particulière a reçu un coup de poing – un seul a suffi ! – de la part d’un ami du conducteur de la voiture et en est mort. Réaction immédiate et compréhensible de la STIB : arrêt des services jusqu’à plus tard. OK. Mais était-ce la seule et unique bonne réaction ?

Il est clair que personne ne pouvait passer à côté de cela. La STIB et tous ceux qui y travaillent sont là pour rendre service. Le service public, une notion qui il est vrai tend à avoir de moins en moins de sens. Qu’un employé de la STIB puisse décéder dans l’exercice de ses fonctions pour une banale altercation, c’est dramatique. Et il fallait marquer le coup.

En arrêtant tous les services pour une durée déterminée ? J’avoue ne pas en être convaincu. L’immense majorité des usagers qui auront à subir cette grève sont fondamentalement solidaires des employés de la STIB, mais ils ne pourront que constater que celle-ci, de ce fait, ne peut plus leur rendre le service pour lequel elle existe. Ce qui s’est passé est inacceptable. Arrêter de fournir le service public de transport l’est-il plus pour autant ?

Il fallait faire quelque chose. C’est certain. Mais à quoi sert d’arrêter les services tout le temps du WE de Pâques ? À rien sans doute, si ce n’est à embêter ceux qui avaient, ce WE-là, besoin des transports publics à Bruxelles. Et ils sont nombreux, qu’ils soient touristes en besoin de visiter la ville, ou tout simplement bruxellois en besoin de se rendre là où la ville les appelle.

Dans un débat sur Facebook, j’ai osé lancer une action alternative : au lieu de laisser les trams et bus au dépôt, au lieu de se tourner les pouces, au lieu même de faire une petite manifestation de 300 personnes, qu’on fasse rouler les véhicules ! Mais qu’ils forment un gigantesque cortège. Imaginez tous les trams et tous les bus de la STIB former un cortège unique, autour de Bruxelles. Imaginez que tous les usagers, prévenus du cortège, puissent à n’importe quel « arrêt » faire un signe et monter dans le véhicule – gratuitement bien sûr – pour manifester leur solidarité avec tout le personnel de la STIB et des autres sociétés de transport public (qui auraient pu bien sûr se joindre au mouvement). Imaginez…

Tout le monde a oublié les nombreuses grèves des différentes sociétés de transport public. Chaque fois, la cause de cette grève est sans doute justifiée. Mais elle ne sert la plupart du temps à rien d’autre qu’à ennuyer l’usager lambda, qui n’a rien à voir avec la cause du problème. On se fait une raison, mais surtout on oublie.

Personne pourtant n’a oublié l’image de ces tracteurs déversant le surplus de lait dans les champs. Tout le monde se disait alors qu’il y avait là quelque chose d’inacceptable. Et tout le monde était solidaire avec les fermiers en se disant qu’il fallait vraiment faire quelque chose.

Autre chose que la grève. Celle-ci n’a aujourd’hui plus beaucoup de sens. Ce qu’il faut, c’est marquer les esprits. L’arrêt de services de la STIB ne marquera l’esprit de personne, ou alors de manière bien éphémère. Mais imaginez un cortège de tous les véhicules de la STIB. Ces images feraient le tour du monde et marqueraient fondamentalement tout le monde, y compris peut-être les fauteurs de troubles.

On n’en est pas là. Dommage. Mais imaginez…

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