Traversée rapide du marché de Louvain-la-Neuve cette après-midi. Pas grand monde. Une nouvelle échoppe attire mon regard : rien que des cuberdons, de toutes les couleurs et de tous les goûts. Ma confiserie officiellement préférée (même si parfois j’en ai un peu la nausée). Soudain, ma vue est attirée par un panneau : « carabouya » ! Je m’approche et je vois effectivement des sachets blancs remplis de carabouya ! Retour brutal dans mon enfance !
C’était à Namur. Lorsque nous y allions, il nous arrivait de nous rendre au marché du samedi matin, une ambiance que nous ne connaissions pas vraiment à Bruxelles. Le moment que je préférais était quand nous arrivions près de « Carabouya », un noir débonnaire qui vantait sa marchandise ! Et il avait bien raison.
À l’époque – c’était au début des années 60 – il n’y avait pas vraiment beaucoup de noirs dans les rues. En voir un était déjà extraordinaire, et je me demandais toujours s’il était vraiment noir ou simplement grimé de cirage ! Qu’importe, il était absolument jovial et convivial sans jamais être trivial. Et puis, il vendait du carabouya : ça ressemblait à du charbon, mais ce n’en était pas. C’était dur, au goût d’anis (je n’avais jamais entendu parler d’anis à cette époque). Parfois, ma tante nous en achetait. Et c’était le plus beau des bonheurs du monde !
J’ai continué à aimer tous les bonbons à l’anis ! En souvenir – je crois – de ce carabouya de mon enfance, aussi mystérieux que délicieux. J’en avais déjà plus ou moins retrouvé le goût dans des cuberdons à l’anis. Mais là, en voir à nouveau devant moi ! Je n’ai pas pu résister (mes dents non plus, mais ça, c’est une autre affaire).
Pour la petite histoire, la plupart de ceux qui se souviennent du carabouya et de leur(s) vendeur(s) noir(s) débonnaire(s) pensent qu’il s’agit d’une confiserie africaine. En réalité, il n’en est rien : c’est du bon belge ! Les descendants de plusieurs confiseurs en revendiquent la paternité. Ce qui est sûr, c’est qu’au vingtième siècle, ce bonbon de réglisse, mélange durci de sucre et d'anis, eut son heure de gloire vendu un peu partout sur les marchés belges, chaque fois par un noir débonnaire. Avec des slogans imparables : « Carabouya , carabouya, jamais malade, jamais mourir... Toudis crever ! ».
Pas sûr que le carabouya ait guéri qui que ce soit, mais en tout cas, aujourd’hui, il a fait – une fois de plus et de manière inattendue – mon (petit) bonheur !
Ah le carbouya, toute mon enfance!
RépondreSupprimerEt où peut-on trouver ces Carabouya aujourd'hui svp ??
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