À vrai dire, je ne sais pas trop sur quoi ou sur qui écrire, tant les événements se bousculent : les décès de Neil Armstrong, de Jean-Luc Delarue, voire même de Guy Spitaels ou de Michel Daerden ; la vraisemblable et normale – devrais-je écrire légale ? – libération conditionnelle de Michèle Martin ; la condamnation apparemment douce d’Anders Behring Breivig, champion de l’assassinat programmé ; l’improbable abandon de Lance Armstrong dans sa lutte pour faire reconnaître sa tout aussi improbable innocence ; la première victoire de la saison de Philippe Gilbert, sans compter les belles victoires du Standard ; les sempiternelles disputes linguistiques autour du Gordel ; l'extraordinaire restauration du tableau Ecce Homo par Cecilia Gimenez ; etc. De beaux sujets, sur lesquels on pourrait dire tant de choses. Sur lesquels – vraisemblablement – je prendrais sans doute une position un peu à contre-courant, on ne se refait pas !
Et pourtant, je n’ai pas trop envie de me lancer dans ces sujets. Peut-être parce qu’il est lassant de nager à contre-courant… ou de nager tout simplement !
Comme beaucoup d’autres, j’exprime des avis, mes avis. C’est un besoin pour moi. Mais est-ce un besoin fondé ? Mes avis sont-ils eux-mêmes fondés ? Comme beaucoup de monde – surtout ceux qui s’expriment à tort et à travers – j’ai l’impression de penser par moi-même. Mais est-ce le cas ? Est-il seulement possible de penser par soi-même ?
J’en doute. Je doute donc que je pense par moi-même, comme je doute que les autres puissent penser par eux-mêmes. Nous sommes tous baignés dans un bain d’informations dans lequel il est difficile de nager en gardant la tête froide. Nous pensons bien sûr nous forger notre propre opinion, mais celle-ci n’est jamais qu’influencée, voire construite, par notre entourage, nos valeurs, notre culture, notre attachement à l’un ou l’autre courant de pensée.
Faut-il s’en inquiéter ? En soi, non. Les convictions – qu’elles soient soi-disant personnelles ou incrustées dans une pensée directrice – ne sont jamais dangereuses que lorsqu’elles se drapent d’une infaillibilité aveuglante. Tant qu’on ne fait que penser – quelle que soit l’origine de nos pensées – on ne fait en fait qu’exister. « Je pense, donc je suis », écrivait Descartes. C’est plus clair en latin : « Cogito, ergo sum ». En français, « je suis » peut toujours avoir deux sens ! Et malheureusement, c’est souvent le sens de « suivre » que certains vivent dans leur pensée. N’empêche, l’être humain ne l’est que parce qu’il pense, que parce qu’il est subjectif. C’est notre grandeur de ne pas toujours être d’accord sur l’une ou l’autre question. Le même Descartes se fit le chantre du doute philosophique. On ne peut être sûr de rien… et il faut douter de tout !
Paraphrasant la chanson célèbre de Gabin « On ne sait jamais la couleur des choses, c’est tout ce que je sais, mais ça je le sais ! », je dirais que « La seule chose dont je ne doute pas, c’est que je doute ! Et encore, j’en doute ! ».
« Il faut savoir douter où il faut, se soumettre où il faut, croire où il faut. » Blaise Pascal
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