On fait grand cas en Belgique des problèmes de gestion du Samusocial bruxellois. Cette ASBL, financée essentiellement par les fonds publics, a pour vocation de venir en aide aux personnes en grande précarité sociale, mais il semblerait qu’elle fasse aussi autre chose avec l’argent dont elle dispose. Notamment, elle rémunère sa directrice.
Il y a d’autres éléments peu clairs dans la gestion financière du Samusocial, comme l’indique le rapport de l’Inspection des Finances, mandatée par la Commission communautaire commune (Cocom). N’ayant pas connaissance des éléments de fond, je me garderai de porter le moindre jugement sur l’affaire. Ce sera fait en temps utile par les instances habilitées.
Mais la question de la rémunération de la directrice interpelle chacun d’entre nous. Plus de 200 000 euros par an, c’est beaucoup. Beaucoup plus en tout cas que ce que gagnent la plupart des citoyens belges. Je suis interpellé, mais pas scandalisé.
L'aide sociale, organisée par la loi du 8 juillet 1976 organique des CPAS, vise à permettre à toute personne vivant sur le territoire belge de mener une vie conforme à la dignité humaine. Le Samusocial est un des outils de cette aide sociale. En soi, il n’est pas dit pour autant que les personnes qui s’occupent de cette aide sociale doivent vivre dans les mêmes conditions que celles qu’elles aident. En soi, il n’y a aucune raison que – parce qu’on travaille dans le social – on ne puisse pas jouir d’une rémunération adaptée au niveau de responsabilité et à l’investissement requis.
Qu’on me comprenne bien. Pour moi, une rémunération supérieure à 100 000 euros est de toute façon surfaite. S’il n’y avait personne qui gagnait plus de cette somme pour son travail, il y aurait beaucoup plus d’argent disponible pour rémunérer tout le monde, de manière équitable. La question n’est pas là.
La question est de savoir si, parce qu’on travaille dans le social, on doit automatiquement gagner moins qu’ailleurs. Ma réponse est clairement « Non » !
Au contraire, ceux qui travaillent dans le social occupent des fonctions qui me semblent bien plus importantes que beaucoup d’autres. Il me semble normal que cette importance soit valorisée. Non seulement pour les cadres, mais aussi pour tous les travailleurs sociaux. Il devrait en être de même dans les secteurs éducatifs ou de la santé.
S’offusquer de ce que gagne – ou de ce que devrait gagner – un travailleur social en comparaison des revenus – parfois inexistants – des personnes qu’il accompagne me semble faire de ces travailleurs sociaux des « sous-travailleurs ». Et ça, c’est un scandale !
Il faut évidemment garder un certain équilibre. La directrice du Samusocial gagne – à mes yeux – clairement trop d’argent. Même si assumer des responsabilités importantes exige un investissement complet – que je ne voudrais personnellement pas vivre – et/ou des compétences qui ne sont pas nécessairement le lot du commun des mortels, il n’y a pas de raison de gagner autant, alors que la majorité des personnes se battent pour boucler le budget familial mensuel au prix de sacrifices et de choix épineux. Salaire trop élevé donc, oui. Mais pas parce qu’elle est directrice du Samusocial.
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