À chaque mouvement, c’est la tempête ! Il suffit qu’un homme simple et honnête déclare qu’il louera un coin de sa maison à Michèle Martin, l’ennemie publique numéro 1, pour que les passions se déchaînent. Surtout les passions nauséabondes. Celles fondées sur la vengeance, sur la punition, sur l’absence d’horizon.
Je ne reviendrai pas sur le fond de la question. Je l’ai déjà abordé en mai 2011 et en août 2012. Me relisant, je n’ai rien à redire ni à ajouter. La situation est toujours la même : Michèle Martin a été condamnée pour les atrocités qu’elle a commises, indirectement ou directement. Elle n’a jamais dit tout ce qu’elle sait – ou du moins ce qu’elle est censée savoir, elle ne serait pas la première à souffrir d’un déni devant tant d’atrocités – mais elle a accompli sa peine, ou du moins la partie qui lui permet, avec des conditions drastiques, de bénéficier d’une libération conditionnelle.
Deux conditions sont particulièrement importantes et significatives dans la situation actuelle. D’abord, elle doit s’abstenir de tout contact avec la presse. C’est bien normal, et visiblement elle accepte cette condition. Par contre, « la presse », elle, ne fait que chercher la moindre information pour la confondre et la positionner dans une situation difficile. Face à cette chasse en bonne et du(r)e forme, Martin n’oppose que son silence et sa discrétion, dans le respect absolu de ce que la justice lui impose. Une autre condition est qu’à tout moment, elle vive dans un cadre qui lui permet, petit à petit, de se réinsérer. Ce fut le cas lors de son hébergement au sein de la communauté des Clarisses. C’est le cas aujourd’hui lorsqu’un ancien juge, respecté et respectable, lui ouvre une partie de sa porte. Simplement parce qu’il sait que s’il ne le faisait pas, ce serait pour Michèle Martin le retour à la case départ.
Je dis « Chapeau, Monsieur Panier ! ». Moi, je ne serais pas capable de le faire. Lui, il accepte d’endurer – en toute connaissance de cause – la vindicte populaire, mais aussi le regard dur et réprobateur de ses proches, de ses amis. Il n’a pas peur de dire à la presse ce qu’il a décidé de faire, simplement pour substituer la réinsertion à la vengeance. Dans tous les débats qui ont suivi son annonce, il est regrettable que Christian Panier s’en soit pris, avec un argument qui n’en est pas un, à Gino Russo, le père de Melissa, victime de Dutroux et de Martin. C’est de toute évidence une erreur impardonnable, mais cela ne retire rien – selon moi – à l’humanité de son geste d’accueil et à son absolue nécessité si on veut aller vers une société de l’espoir et de la solidarité. C’est la seule qui m’intéresse et je remercie Christian Panier de la mettre en pratique, dès maintenant.
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