En soi, je ne comptais pas parler ici de ce concert d’Hugues Aufray. Même si c’était une première pour moi, alors que c’est « avec lui » que j’ai appris à jouer de la guitare et à chanter, un peu. Mais – au moment où je ne m’y attendais pas – je me suis retrouvé une nouvelle fois dans un flot d’émotions que mes yeux n’ont pas pu gérer. Simplement, il a chanté « Adieu, monsieur le professeur ».
En mars 1991, c’est une femme qui reprit ma classe. Leur quatrième prof en un an. Cette femme était une institutrice exceptionnelle. Elle avait accepté de relever le défi, alors qu’il changeait méchamment son rythme de vie. D’un mi-temps peinard, elle passait titulaire à temps plein. Elle a par la suite changé d’école, mais elle est restée cette institutrice dynamique et attentive au développement de chacun des enfants qui l’ont côtoyée. À la fin juin 2022, elle devait prendre sa retraite. Si quelqu’un avait droit à la chanson « Adieu, madame la professeure », c’était bien elle. Un foutu cancer est passé par là, la privant définitivement de ses six derniers mois d’institutrice merveilleuse… et de la chanson.
Alors, j’ai essayé… j’ai essayé de chanter en même temps que tout le monde, les larmes coulant abondamment. Mon ami Raphy qui m’accompagnait m’a demandé « Ça va ? ». J’ai dit – comme je dis souvent ces derniers mois – « Ça va aller… ».
Dans toutes les émotions qui se bousculaient dans mon cerveau, j’avais aussi – bien sûr – conscience que je disais adieu à mon professeur de chansons. J’ai mis presque 60 ans pour aller le voir… peu de chance qu’il attendra la même période pour me revoir. Alors, pour tout ça, monsieur, je vous dis : « Votre chanson est une daube, mais mon Dieu, qu’est-ce qu’elle est vraie ! »
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