lundi 30 juillet 2007

Répulsion de l’expulsion

Massacio © 1426

Ce lundi matin, Angelica et sa maman Ana ont été conduites à l’aéroport de telle sorte qu’elles puissent prendre le vol Bruxelles-Quito via Amsterdam à 18h50. Elles refuseront vraisemblablement de monter dans l’avion et – si la loi est respectée – elles seront alors reconduites au Centre fermé 127bis de Steenokkerzeel. Jusqu’à la prochaine tentative d’expulsion qui sera refusée, et ainsi de suite.

Depuis la nuit des temps, l’expulsion fait partie du destin de l’humanité ! La paradis n’est pas permis, et il ne faut surtout pas laisser croire à quelqu’un qu’il pourrait bénéficier d’un coin de paradis sur cette Terre, ne serait-ce une enfant innocente de 11 ans. Voilà la véritable punition pour cette pomme soi-disant mangée par Eve, la mère de l’humanité : expulsés nous-mêmes, nous sommes – semble-t-il – condamnés à expulser ceux et celles qui viennent goûter un peu de notre bien-être, de notre bien-vivre. Expulsion organisée, légalisée. Question de protéger notre belle société de la vermine qui pourrait pourrir une pomme – toujours elle – qui finirait par pourrir toutes les autres.

Tout cela repose sur l’idée qu’une parcelle de terre appartient à quelqu’un qui s’y trouve dès lors chez lui. Toute personne venant s’y installer devient de ce fait un intrus, une menace, qu’il faut s’empresser d’extirper. Ne sommes-nous pas tous cependant des immigrés ? D’où tiendrait-on un quelconque droit d’être possesseur d’un morceau de terre au point d’en exclure toute autre personne ?

Je ne suis pas naïf : tout le monde ne peut pas venir s’installer dans nos pays n’importe comment. C’est l’évidence même. Sans doute faut-il légiférer, organiser. Mais ne devrait-on pas consacrer plus d’énergie à organiser l’accueil qu’à imposer l’exclusion et l’expulsion ?

En attendant, notre belle Belgique qui a ratifié le 16 décembre 1991 la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, continue à enfermer et à expulser des enfants, en violation flagrante de ses engagements. Sous prétexte qu’il faut respecter et appliquer la loi. Il est évidemment facile d’appliquer la loi qu’on souhaite appliquer. Nos ministres choisissent d’appliquer celle qui exclut et expulse plutôt que celle qui respecte et accueille. C’est un choix politique. Je ne peux y souscrire.

1 commentaire:

  1. C'est très bien écrit... mais là n'est pas le propos.
    Enfermée ou expulsée, expulsée ou enfermée, quel choix... ça fait peur !
    Ici, Irina, 13 ans, serbe, a un peu de répit : elle est allée en colo une semaine, quel bonheur, un professeur lui donne des cours de vacances, elle s'intègre bien au collège. Répudiée, abandonnée, sa mère n'a nulle part où aller, avec ses trois filles... Et leur avenir est pareillement compromis.
    Terre des hommes... mais pas tous pareillement.

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