jeudi 11 juin 2009

Mais d’où sort la vérité ?

La Vérité sortant du puits © Edouard Debat-Ponsan 1898

Un ami a déclaré dernièrement, sur son statut Facebook, que la vérité n'est pas dans les urnes. C’est un ami français qui s’exprimait après les récentes élections européennes. Je ne sais pas s’il s’exprimait sur les résultats français – dont le succès écologiste me semble quand même près d’une certaine vérité – ou sur les résultats plus globaux à l’échelle européenne. C’est vrai (tiens, revoilà la vérité) que constater cette vague conservatrice et ce reflux social-démocrate dans vingt États sur vingt-sept a de quoi laisser rêveur…

Je rejoindrais aussi mon ami s’il analysait le taux d’abstention : 57 % d’abstention pour l’ensemble des Vingt-Sept et 59 % en France ! Le pourcentage en Belgique est évidemment beaucoup plus faible puisque le vote y est obligatoire, mais je ne suis pas sûr que l’intérêt pour ces élections – et donc leur validité – soit beaucoup plus grand. Quand trois personnes sur cinq décident de ne pas s’exprimer, on peut évidemment avoir quelques doutes sur la vérité qui sort des urnes. Elle est en tout cas méchamment restreinte !

Cela dit, j’ai bien peur que mon ami voulait exprimer autre chose. Derrière sa remarque, j’ai lu une déception face aux résultats qui ne correspondraient pas au vote qu’il a lui-même exprimé (en admettant qu’il a voté). Si mon interprétation est correcte, cela m’inquiéterait ! Chez nous, en Belgique, ce n’est évidemment pas difficile : tout le monde a gagné !

Peut-on dire que la vérité ne sort pas des urnes ? N’est-ce pas fondamentalement nier tout le processus démocratique ? N’est-ce pas injurier tous les peuples qui vivent dans des régimes où il n’est pas question un seul instant que leur vote puisse réellement s’exprimer ?

Par définition, dans des élections, il y en a qui perdent et d’autres qui gagnent (sauf en Belgique évidemment où tout le monde gagne). Par définition aussi, on ne peut pas toujours être du côté des gagnants. Quand c’est le cas, la « vérité » n’est-elle pour autant pas au rendez-vous ? Bien sûr, la vérité politique est bien relative. Mais la première valeur démocratique n’est-elle pas d’accepter le verdict tel qu’il est ?

Mon ami est, j’en suis sûr, un démocrate convaincu. J’ai bien peur cependant de sentir poindre dans sa remarque comme une semence de fascisme. Ce n’est certainement pas son intention, mais quand on commence à ne plus reconnaître de valeur aux élections, on peut se poser quelques questions…

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