lundi 1 juin 2009

Ça ne fait rien…


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Ça ne fait rien, mais
Quand un bateau se couche,
Même si l'on n'est pas dedans,
Sa mort un peu vous éclabousse,
Et vous sentez dans votre bouche
Comme un arrière-goût d'océan.

Ça ne fait rien, mais
Quand un avion tombe,
Même si l'on n'est pas dedans,
C'est un peu sur vous qu'il retombe,
Et même mort il fait une ombre
Plus sombre que celle d'avant.


Déjà tout gosse, quand j'naviguais
Sur les flaques d'eau de mon quartier
Avec mes navires en papier,
Lorsque parfois, l'un d'eux coulait,
Je le regardais s'abîmer,
A la fois triste et fasciné.
Je ne le savais pas encore,
Déjà je soupçonnais la mort,
Je ne le savais pas encore,
J'avais déjà peur de la mort.
Bien sûr, c'était l'âge sensible,
J'avais le cœur comme une cible
Bien sûr que, depuis, j'ai changé,
Il m'en faut plus pour me faire rire
Plus encore pour que je soupire,
Enfin, je ne sais plus pleurer.

Mais ça ne fait rien,
Quand un bateau se couche,
Quand un avion perd le vent,
Leurs morts un peu nous éclaboussent,
Et nous sentons dans notre bouche
Les larmes salées d'un enfant

Georges Chelon © 1969

On se dit, inévitablement, qu'on aurait pu être dedans…

2 commentaires:

  1. Je pensais à ça, exactement, moi aussi : à cette chanson que tu m'as fait découvrir, et qui dit si bien l'indicible.

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  2. Je pensais bien que tu aurais une page à ce sujet...J'ai directement pensé à toi lorsque j'ai lu les nouvelles sur internet ce matin...Bisous

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