vendredi 19 juin 2009

Pour une écologie durable

Lors de l’échange que j’ai eu avec mon ami à la suite de mon billet Mais d’où sort la vérité ?, outre que j’ai eu confirmation que ce qui avait motivé sa petite phrase provocatrice était le taux élevé d’abstentions, il a exprimé l’avis que l'écologie ne devrait pas être un parti politique en particulier, mais présente au sein de chaque parti.

Il a sans doute raison. Notre belle planète ne tient plus qu’à un fil, et si tout le monde ne prend pas en charge les préoccupations écologiques, on risque fort de se retrouver dans des conditions conduisant à notre disparition. Ce n’est pas une question de choix politique. C’est une absolue nécessité et à ce titre, il est inconcevable que toutes les politiques ne prennent pas en compte des mesures qui pourraient améliorer quelque peu la situation. Tout le monde politique s'en occupe-t-il ? Je n’en suis pas trop persuadé, et c’est déjà une première raison d’avoir des partis écologistes afin de stimuler les autres partis à évoluer dans la bonne direction.

Au-delà de cette évidence, et en me fondant sur ce qui se passe ici en Belgique, il me semble que les partis écologistes peuvent aussi inciter à pratiquer autrement la politique. La plupart des partis, en dehors de leur discours idéologique, me semblent avant tout être intéressés par le pouvoir. Quand ils y sont, ils mènent bien sûr globalement une politique conforme aux idées qu’ils ont avancées, mais ils jouissent surtout du pouvoir, n’hésitant pas à essayer de régner en maîtres et à transformer en système de pouvoir ce qui devrait être un service à la collectivité. Le discours écologiste et les pratiques qui l’accompagnent me semblent revenir à l’essentiel : le développement de nos sociétés, outre bien sûr celui de notre Terre. Cette visée de développement n’est pas simplement tournée vers des résultats à court terme, qui seraient profitables à ceux qui les auraient mis en place, mais prend en compte fondamentalement la durabilité.

N’est-ce pas là l’enjeu essentiel aujourd’hui et dans les années qui viennent ? Mettre en place un véritable développement durable, c’est-à-dire qui porte en lui les germes de son propre développement contribuant à un mouvement perpétuel de développement ?

Cette durabilité prendra de plus en plus d’importance, et cela dans tous les domaines. Un exemple, que je connais plus particulièrement : l’éducation. Si on voulait écrire en quelques lignes l’histoire du rapport au savoir et de l’apprentissage de celui-ci, cela donnerait quelque chose comme ça (en m’inspirant de De Ketele & Hanssens, 1999) :
  • pendant des siècles et des siècles, « savoir » a consisté à s’inspirer de la sagesse des grands auteurs, et « apprendre » à traduire et à commenter ce que ces grands auteurs avaient écrit ;
  • dans la lignée de l’encyclopédisme de Diderot et d’Alembert, on a cherché à réunir tout ce que l’on savait. « Savoir » consistait alors à pouvoir restituer ce qui était contenu dans les livres, et « apprendre » à mémoriser tout ce savoir ;
  • la révolution industrielle et scientifique amena à penser qu’il ne fallait pas simplement connaître toutes sortes de choses, mais qu’il fallait aussi « savoir faire » quelque chose. « Savoir » consista alors à pouvoir maîtriser un certain nombre de savoir-faire et « apprendre » à acquérir tous ces objectifs opérationnels ;
  • vers la fin des années 80, on s’est rendu compte que tous ces objectifs étaient très dispersés et peu en rapport avec la vie. « Savoir » consiste depuis lors à pouvoir utiliser tout ce qu’on a appris (des savoirs et des savoir-faire) de manière intégrée pour résoudre des situations complexes. « Apprendre » revient alors à devenir progressivement compétent. C’est là qu’on est actuellement dans le monde pédagogique avec l’approche par les compétences.
Assez logiquement, cette conception du savoir et donc de l’apprentissage devrait encore évoluer dans les années qui viennent. Plus j’observe le monde, plus je me dis que ce qui importera sera non seulement de pouvoir résoudre des situations complexes, mais de pouvoir le faire de manière durable. Cette dimension est relativement peu prise en compte actuellement. Quand tout va bien, on apprend à nos enfants – et c’est déjà très bien – à résoudre des situations complexes, mais la solution n’est que ponctuelle. Il me semble que petit à petit, on devra apprendre à trouver des solutions durables, c’est-à-dire des solutions qui diminuent sérieusement la probabilité de survenance des problèmes. Ça a l’air simple comme ça, mais en réalité il y a là place pour une réflexion en profondeur et une modification fondamentale des pratiques pédagogiques.

On en revient à l’idée de mon ami : l’écologie devrait être l’affaire de tous, y compris dans l’univers pédagogique. Mais en attendant, il me semble important que cette vision écologique d’un développement durable, dans quelque secteur que ce soit, soit portée par des écologistes qui permettront de faire avancer les choses dans la bonne direction. L’enjeu est immense !

1 commentaire:

  1. Je crois que les choses avancent dans la bonne direction, la preuve : ton player me met de la musique automatiquement à mon arrivée sur le blog : quel plaisir, il y a longtemps que ce n'était plus le cas !
    Cette pirouette pour dire que je n'ai rien à ajouter, merci pour cette belle et profonde réflexion... durable.
    :-)

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