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Derrière chez moi, devinez ce qu’il y a ? Vous vous en moquez bien, et vous avez bien raison. Alors, disons que près de chez moi, il y a une route qui a été refaite. Elle le méritait bien : on l’appelait le « chemin creux », mais c’était un vrai coupe-gorge. Bref, comme elle aboutissait à une grande entreprise nouvellement installée, elle a eu droit à quelques améliorations.
Dont celle de disposer désormais d’un trottoir. L’espace étant ce qu’il est, la route a aussi perdu en passant un peu de largeur et il n’est désormais plus question que deux voitures se croisent : c’est une voie unique, quel que soit le sens que vous prenez.
Lorsque la route a été enfin réouverte – après de très longs mois de travaux – il y avait des panneaux routiers partout : une vraie pépinière ! Comme on ne peut se croiser et que la route est ouverte dans les deux sens, il y a des zones de croisement. Il y avait donc des tas de panneaux qui indiquaient aux chauffeurs qui avait la priorité et qui ne l’avait pas. Dans la pratique, c’était catastrophique, car c’était impossible de savoir à partir de quel endroit on était prioritaire ou non. J’ai ainsi pu assister à plusieurs scènes tendues où deux chauffeurs campaient sur leur position et refusaient de faire le moindre geste puisqu’ils avaient le droit pour eux.
Quelques mois plus tard, les autorités ont eu – chose rare ! – une idée de génie : ils ont retiré tous les panneaux. Du coup, il n’y a plus aucun droit ni devoir. Il ne reste plus que le bon sens des usagers et leur courtoisie.
Et ça marche très bien. Enfin, plutôt, ça roule très bien ! Je suis même souvent frappé de voir qu’au moment où je me dis que je devrais m’arrêter dans le dégagement prévu à cet effet, je vois l’automobiliste qui vient d’en face se garer lui-même pour me laisser passer. Tout cela se termine par un signe réciproque de remerciement et de politesse. Vraiment, ça fonctionne très bien.
Voilà donc une nouvelle preuve – s’il en fallait encore – que lorsqu’on fait confiance aux gens, ils sont parfaitement à même de gérer les situations potentiellement conflictuelles qu’ils rencontrent. Simplement par bon sens.
PS : je m’en voudrais si qui que ce soit voyait dans ce billet un quelconque soutien aux politiciens qui utilisent le slogan du « bon sens » pour leur campagne électorale actuelle. Pas sûr justement que ce soient ceux-là qui aient le monopole du « bon sens ». Mais ça, c’est une autre histoire !
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