C’était quand même un personnage. En d’autres temps. Il ne serait sans doute plus possible aujourd’hui d’avoir un chanteur – seul sur scène, avec sa guitare – qui se permet de délirer musicalement pendant que la salle entière, bourrée, chante en c(h)œur la chanson dans sa version originale. Il serait encore moins possible qu’un chanteur « religieux » ait un tel succès (même si le succès du groupe « Les Prêtres », avec beaucoup moins de charisme, n’est pas à dédaigner).
Cela reste pour moi essentiellement une émotion musicale : à l’âge que j’avais, la dimension religieuse m’importait peu, mais l’énergie et la mélodie m’emportaient.
La vie du bonhomme, au-delà du conte de fée de la chanson, ne fut pas un fleuve tranquille. Inexorablement, le père Duval est devenu alcoolique. Dans la souffrance et la solitude. Il en a témoigné dans un livre – « L'Enfant qui jouait avec la lune: Chanteur, Jésuite, Alcoolique » - et dans une interview encore accessible.
Au passage, il était donc jésuite. Comme le pape François. Mine de rien, le message que celui-ci vient encore de transmettre lors des JMJ au Brésil me semble assez bien dans la ligne de celle chantée par Duval. « Que fais-tu là à m'attendre mon ami ? Ton ciel se fera sur terre avec tes bras ! ».
Peu importe. Ce qui compte, c’est l’émotion. Celle de la chanson. Et plus de 50 ans plus tard, je la ressens encore !
Qu'est-ce que j'ai dans ma p'tite tête
À rêver comme ça, le soir,
D'un éternel jour de fête
D'un grand ciel que j'voudrais voir !
J'ai roulé, j'ai vécu, j'ai aimé,
Et j'ai passé aujourd'hui des moments roses,
Mais j'ose espérer, Seigneur, bien autre chose !
Et j'attends, cœur ouvert, rêvant,
Battant la semelle à la porte de ton ciel,
Je crois qu'un beau jour ton amour l'ouvrira.
Et voici que Jésus m'a surpris :
« Que fais-tu là à m'attendre mon ami ?
Ton ciel se fera sur terre avec tes bras ! »
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