samedi 1 novembre 2008

La vaine conquête de l’autonomie

Gaston Chaissac © 1961

Qu’est-ce qui fait qu’un individu devient autonome ou non ? Même si les scientifiques n’arrêtent pas de trouver des gènes de toutes sortes, censés expliquer pourquoi on devient alcoolique, violent ou névrosé, j’ai du mal à croire que l’autonomie serait inscrite dans un gène ou l’autre. Ce déterminisme ne convient pas trop à l’idée que j’ai de l’être humain.

Mais j’ai du mal à croire aussi que ce soit uniquement une question d’éducation. Si c’était le cas, tous ceux qui reçoivent la même éducation devraient atteindre le même degré d’autonomie, ce qui est loin d’être le cas. Il est bien sûr impossible de recevoir la même éducation, car celle-ci est faite non seulement par les éducateurs officiels que sont les parents, enseignants et autres éducateurs professionnels, mais aussi par tous les éducateurs informels liés aux événements que l’on vit, aux personnes qu’on rencontre, etc. N’empêche, je ne parviens pas trop à me dire que notre autonomie ne serait que le résultat des circonstances dans lesquelles on s’est trouvé.

Construirait-on tout seul notre autonomie ? Difficile à croire aussi. Pour cela, il faudrait être autonome… Comment quelqu’un qui ne l’est pas pourrait-il décider seul d’être autonome ou de ne pas l’être ? On entre là dans le domaine des injonctions paradoxales. Comment dire à quelqu’un « Sois autonome » s’il ne l’est pas ?

En attendant, force m’est de constater que certains n’arrivent jamais au degré d’autonomie nécessaire pour trouver pleinement leur place dans notre société. Pourquoi ? Comment ? Qu’y faire ? Je n’en sais rien (ce qui est peut-être, finalement, une preuve de ma propre non-autonomie…).

L’autonomie est trop souvent confondue avec l’indépendance. On peut être autonome sans être indépendant. Un enfant, inévitablement dépendant, peut être tout à fait autonome. Et ce n’est pas parce qu’on est indépendant qu’on est autonome.

Être autonome, c’est pouvoir avancer sans être enfermé par les contingences de la dépendance. C’est, finalement, être responsable de soi, quelles que soient les contraintes dans lesquelles on se trouve. N’est-ce pas finalement une vue de l’esprit ? Et l’esprit est-il quelque chose qui se conquiert ?

2 commentaires:

  1. Ouh lààààà... vaste question phylosophique !! Très intéressante en tout cas.
    Moi-même j'ai tendance à confondre "Indépendance" et "autonomie". Je relierais l'indépendance à une indépendance matérielle. Je pense qu'il est vraiment plus simple d'être indépendant que réellement autonome au sein de notre société.
    Je parlerais plus facilement d'autonomie dans un poste de travail, en tout cas sur un sujet précis, gestion de son temps, ...Mais c'est beaucoup trop subjectif pour que ça dure toute une vie, en toutes circonstances. Je pense que le ressenti affectif joue un rôle important : pour ma part, si je ne me sentais pas aimée par mon mari, ma famille et amis, j'avancerais moins bien dans ma vie, je serais moins en confiance. D'autres, au contraire, auront besoin de liberté, de faire leurs propres expériences pour se construire. Tout ceci doit être lié au vécu de chacun...

    Nath

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  2. C'est un très beau sujet de réflexion ! Tu l'as bien posé, et j'aime bien ce qu'en dit Nath. Il me semble qu'être autonome ou indépendant sont des notions proches, en tout cas pour moi. Elles ont en commun d'être relatives, on est autonome dans un contexte, indépendant par rapport à quelqu'un ou quelque chose : jamais complètement !
    Il me semble qu'il faut un désir de liberté pour ça. Certains ont un fort désir (c'est même un besoin) de liberté, d'autres le ressentent moins.
    Il y a sans doute un peu de fierté aussi, pour vouloir "faire tout seul". Mais pour certains, se reposer sur les autres, c'est aussi rester en relation, se rassurer, ne pas sauter sans filet !

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